Éditorial (catalogue de L’Hiver de l’amour)
Ce texte a été initialement publié dans le catalogue de l’exposition L’Hiver de l’amour (Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, 1994), p. 28.
L’hiver de l’amour, ce qui nous arrive maintenant. Cela n’est pas imaginer, mais saisir, évoquer, montrer ce que nous sommes. Des manières d’être, une exposition climatique. C’est la traversée d’une saison, d’un moment de l’art, mais c’est aussi l’art comme moment, toutes ces heures qui nous transforment. Cela vaut la peine de les exposer, de les filmer, de les expérimenter… De faire ce magazine. « Plus nous condamnons le présent et plus nous devons en être amoureux. » Si nous parlons d’un climat et donc d’une sensibilité perceptible, il est sûr que notre style doit être conçu comme quelque chose de possible. Ce qui pourrait se passer ensuite. Quelque chose de vrai au-delà de l’exposition. En sortir un peu transformé, avec l’impression de prolonger l’exposition. Autrement quel serait le sens de cette proposition, de ces balises et de toutes ces recherches? Comment traverser l’hiver? Ouvrir l’exposition. Faire qu’elle dure (voir programme). Aller et revenir (cinq semaines). Des journées entières au musée (entrée 10 francs). Des séances de cinéma. Des séances de biographie, de vidéo, de couleurs… Des contacts, des sensations. Des envies d’adaptations et des proximités. Une déambulation qui traverse la maladie, les tendances, les souvenirs. Des escaliers perturbés. Une terrasse en état de choc avant une longue allée de contrastes. Des lectures possibles. Un square à traverser et l’obscurité urbaine, la pluie des images. Avant le grand froid polystyrène de Fin de siècle.